Un point technique après deux mois du programme EIG
TL;DR: Les 28 « entrepreneur·es d’intérêt général » ne sont pas isolés les uns des autres : ils échangent et font progresser la cohérence technique du programme en mettant en place des outils mutualisés et des rituels. Mon défi EIG Link a pour mission d’encourager et de pérenniser cette cohésion de groupe et cette cohérence technique. On avance et ça se voit !
Thérapie de groupe pour les EIG ! On parle de nos expériences tech lors du bootcamp © Zoe Jung.
Le bootcamp : un moment de forte cohésion
Soizic Pénicaud (Étalab) l’a très bien raconté dans cette entrée de blog, le bootcamp EIG fut un moment important pour la cohésion du groupe : nous avons sympathisé et nous avons beaucoup échangé sur tous nos défis.
La « bulloterie » (un format de découverte des compétences d’un groupe, imaginé par Sébastien Kurt) a donné lieu à un premier protoype développé par Philéas Condemine, du défi Lab Santé. Paul Schmite d’Étalab a ensuite saisi l’ensemble de ces données et j’ai dans ma TODO liste de proposer une interface web pour les explorer de façon interactive. En attendant, les défis présentent leurs outils dans un fichier stack.org qui continue d’évoluer.
Un aperçu de l’exercice de « bulloterie » lors du bootcamp
Le prototype pour visualiser la bulloterie, développé par Philéas en shinyapps.io
Le bootcamp a aussi été l’occasion de proposer quelques premiers projets collaboratifs, dont un dépôt pour partager des tutoriels et une liste d'outils : voyez par exemple le tutoriel publié par Julien Naour, du défi Lab Santé, sur une introduction à Gitlab : typiquement ce qu’on essaie de faire quand on parle de « transformation numérique » des administrations !
La gestion de projet : subsidiarité et dénominateur commun
Le programme EIG est l’occasion d’introduire un peu d'« agilité » dans la façon dont les administrations gèrent les projets. Les principes de cette « agilité » sont bien résumés dans ce document du gouvernement britannique :
- se concentrer sur les besoins des utilisateurs ;
- publier les livrables de manière itérative ;
- améliorer constamment la manière dont l’équipe travaille ;
- échouer tôt et apprendre rapidement ;
- planifier constamment.
En dehors de ces grandes directions, pas question d’imposer une méthode agile particulière (SCRUM ou autre) ni d’outil spécifique pour la mettre en oeuvre. Les EIG sont force de proposition, mais par principe de subsidiarité, ils définissent leurs méthodes et leurs outils en fonctions des contraintes locales, avec leurs mentors et leurs équipes d’accueil.
Certains défis (Archifiltre, b@liseNAV, SocialConnect) sont donc déjà lancés dans des sprints avec des user stories bien définies, mais ce modèle n’est pas commun. Pour le défi BrigadeNumérique, Dora et Jean-Baptiste utilisent l’outil de kanboard que j’ai installé sur notre serveur, mais d’autres équipes utilisent des outils locaux.
L’utilisation du “kanboard” par le défi BridageNumérique
En revanche, pour continuer de multiplier les points de contact entre défis, il nous faut un un outil de suivi collectif. Pour l’instant, nous stockons les retours hebdomadaires de chaque défi dans ce gros fichier partagé. Ce n’est pas le plus pratique, mais c’est un premier test avant d’avoir un outil web plus adapté.
Les outils : adaptation et mutualisation
Le dépôt eig-link présente l’ensemble des outils mis à disposition des EIG :
- un serveur Proxmox de 32GO ;
- un espace de fichiers partagés avec Nextcloud ;
- un agenda commun public (via notre instance Nextcloud) ;
- un agenda des événements annexes qui nous intéressent ;
- une instance de gogs pour des dépôts privés ;
- une instance de kanboard ;
- une instance de Matomo pour des statistiques.
- un client web Kiwirc pour nous connecter à notre canal IRC.
Cela va sans dire (mais cela va mieux en le disant) : ces outils mutualisés s’appuient tous sur des logiciels libres !
La question qui se pose souvent est celle-ci : si un EIG a besoin d’une machine virtuelle pour son défi, doit-il la demander à son administration ou doit-il utiliser celle que nous mettons à sa disposition via notre panoplie d’outils ? Les deux, mon capitaine ! Les outils EIG n’ont pas vocation à remplacer ceux que les administrations mettront en place pour pérenniser les projets, mais à dépanner et à montrer comment ces solutions se mettent en oeuvre. Si ces outils aident à assurer la transition, c’est bien ; s’ils sont l’occasion d’une discussion avec des DSI pour voir comment faire évoluer leurs systèmes, c’est encore mieux !
Les rituels : « less is more »
Les « rituels » sont les habitudes de travail que nous prenons en tant que groupe. Nous essayons de les rendre peu invasifs et de les garder les plus collectifs possible.
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Nous communiquons au quotidien via le service slack et via une liste de discussion de framalistes.org.
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Entre le jeudi soir et le vendredi midi, une personne de chaque défi envoie un message sur la liste avec un point hebdomadaire sur ce qui a été fait et ce qui va être fait.
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Nous discutons de cela sur slack entre 11h30 et 12h30 le vendredi.
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Nous nous retrouvons en présentiel au Liberté Living Lab un jeudi tous les quinze jours pour le programme d’accompagnement, soit entre EIG soit avec les mentors.
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Nous nous retrouvons les mercredi après-midi pour simplement être assis dans la même salle du LLL et travailler ensemble.
Ce qui se met en place doucement :
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Des sessions de « revue de code » avec Quentin Decock, du Liberté Living Lab. La première a eu lieu le 14 mars autour du logiciel OpenScraper et du défi Prédisauvetage. Nous allons en reprogrammer une bientôt.
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Des sessions d’échanges techniques libres le mercredi avec des « invités », des ressources du réseau des EIG (merci à Tiphaine Phe-Neau du défi Prévisecours d’avoir lancé cette idée !)
Ce qui est intéressant, c’est que tout cela évolue : l’idée de se retrouver le mercredi après-midi pour travailler a été proposée par les EIG ; certains s’impliquent dans la conception des séances du programme d’accompagnement ; et nous réfléchissons à la manière de rendre le point hebdomadaire du vendredi midi plus efficace. Nous envisageons notamment de le faire sur IRC plutôt que sur slack pour l’ouvrir à toute personne désireuse d’en apprendre plus sur les défis et le programme.
Rencontre avec Quentin Decock lors du bootcamp, le référent technique du LLL
L’écosystème : No EIG is an island
En plus de l’entraide naturelle au sein des équipes d’EIG par défi, l’entraide entre défis se développe.
Cette entraide s’exprime dans la création de canaux techniques dédiés sur le slack, en présentiel le mercredi ou lors des sessions de revue de code.
Au-delà, les EIG de cette deuxième promotion interragissent avec ceux de la première et avec les développeurs et les datascientistes d’Étalab. C’est par exemple Victor Schmidt du défi Hopkins qui fait remonter un souci avec le logo du site EIG, souci auquel répond Frédéric Bardolle de la première promotion… ou bien Christophe Ninucci du défi Signaux Faibles qui pose une question à Christian Quest d’Étalab, et leur échange qui aboutit à la publication d’un nouveau jeu de données sur https://data.gouv.fr. Ce sont aussi les EIG qui participent au forum « Open d’État » - voir ce tweet de Jean-Baptiste Le Dévéhat, du défi BrigadeNumérique :
Première rencontre du forum "Open d’Etat" #OpenGov #OpendEtat @Etalab @datactivi_st @vrmtvrmt pic.twitter.com/gdn5MZzJDz
— Jean-Baptiste Le Dévéhat (@jbledevehat) 12 mars 2018
C’est ce qu’on pourrait appeler le niveau « EIG² », quand on croise nos ancêtres les EIG 1, nos cousins d’Étalab ou les acteurs de la transformation numérique… comme lorsqu’Emmanuel Gautier, du défi Archifiltre, passe un coup de balai après avoir passé la nuit à coder pour la nuit du code citoyen.
Manu, le #DataScientist parfait : il passe la serpillière @LaPaillasse après avoir aidé des projets de #NuitCodeCitoyen pendant 24h non-stop à la #SocialGoodWeek ! pic.twitter.com/Pt5aGNvbCh
— Latitudes (@LatitudesTfG) 10 mars 2018
Emmanuel, encore debout après une nuit de code citoyen
… enfin, plus loin encore, il y a le niveau « EIG³ » ! C’est quand on se jette carrément dans le grand bain et qu’on publie des propositions d’améliorations de logiciels libres, le bien commun de l’écosystème auquel on contribue ! C’est Christophe ouvrant une issue dans le Tidyverse ; Tiphaine qui sollicite une pull request pour le code d'open-moulinette ; ou Victor qui partage la librairie python mkinx.
Vous l’avez compris : on met les mains dans le cambouis, on avance, on aime ça et ça se voit !
Le défi EIG Link, c’est quoi ?
Je ne suis ni « animateur », ni « manager », mais agent de liaison et de valorisation.
J’essaie de détecter des besoins communs aux défis et de mettre en oeuvre des solutions : celles-ci peuvent se trouver soit du côté des outils (par ex. aider à la prise en main des machines virtuelles), soit du côté de la communication (par ex. aider un défi à avancer sur les aspects de product research).
Pour la valorisation, je n’ai qu’à me baisser et ramasser tellement cela foisonne – mais c’est justement un problème délicat à résoudre : quelle interface mettre en place pour rendre accessible tout ce qui se fait ? À suivre…
Use The Source, Luke.
Assez parlé, retrouvez tout le code que nous développons dans notre organisation sur github.com.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas : bastien.guerry @ data.gouv.fr
À bientôt pour d’autres nouvelles de nos avancées techniques !